Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MAGISTER EQUITUM

MAGISTER EQUITUM

MAGISTER EQUITUM. Au-dessous du dictateur il. existait, à l'époque républicaine, un magistrat d'ordre inférieur auquel on donnait le nom de maître de la cavalerie. L'origine de cette fonction a prêté, même chez les anciens, à des discussions ; on admettait généralement, pourtant, que le magister militum était le descendant du tribunus celerum' et cette manière de voir est admise de nos jours par la plupart des savants, en particulier par M. Mommsen, qui explique ainsi la genèse de l'institution'' : « L'existence d'un pareil officier surprend, ditil, parce que ni l'ancienne organisation royale, ni l'organisation consulaire primitive de l'armée ne paraissent présenter de commandant en chef de la totalité de la cavalerie. Cependant on peut apercevoir avec une certaine vraisemblance pourquoi précisément c'est seulement dans l'armée dictatoriale qu'un poste de ce genre a pu se développer à titre indépendant. Dans la plus ancienne organisation militaire il y a plusieurs (sans doute trois) commandants de divisions de cavaliers, tribuni celerum ; mais comme ils alternaient probablement dans le commandement, on peut considérer le MAG 1_ 523 tribunes celerum qui occupe le commandement à un moment donné comme étant à la tète de toute la cavalerie. A la chute de la royauté les postes de ces colonels de cavalerie furent pratiquement écartés et classés, comme la royauté elle-même, parmi les sacerdoces. La République ne connaît dans la cavalerie aucun grade supérieur d'officier permanent au-dessus du chef de terme, les tribuns militaires pourvoyant aux actes pour lesquels ces derniers n'étaient pas appropriés. Mais, pour le commandement unitaire de la cavalerie, on ne pouvait recourir ni aux décurions ni aux tribuns de l'infanterie. Dans l'armée consulaire il y avait un expédient tout indiqué : c'était que, les deux consuls commandant régulièrement l'armée en commun, l'un prit la direction de l'infanterie et en même temps le commandement en chef qui se lie nécessairement avec elle, et l'autre le commandement de la cavalerie, soit d'une manière permanente, soit alternativement. Le dictateur n'ayant pas à côté de lui de collègue égal en droit et les consuls n'étant pas non plus ordinairement employés sous ses ordres, l'expédient n'était pas praticable là, et c'est ainsi que se sont trouvées réunies les conditions nécessaires pour la transformation du tribunes celerum du roi en magister equitum du dictateur. » Quoi qu'il en soit de cette origine, le magister equitum est, de droit, le compagnon subordonné du dictateur, même quand celui-ci n'est pas appelé en vue de faire la guerre, rei gerendae causa ]DICTATOR]. Trois fois seulement il y eut dictature sans nomination de maître de la cavalerie : en 505, où M. Claudius Glicia fut forcé de se retirer avant d'avoir pu choisir son magister equitum ; en 538 où M. Fabius Buteo n'eut pas non plus de lieutenant parce qu'il avait été créé Senatus legendi causa 2, tandis qu'un autre dictateur qui tenait en même temps la campagne était accompagné d'un maître de la cavalerie ; enfin en 705, où César omit de se créer un second, mais nous sommes alors à une époque où l'institution est en pleine transformation. Il n'y avait aucune condition spéciale d'éligibilité ; point n'était besoin d'appartenir à l'ordre des patriciens, puisque, avant la loi Licinienne, C. Licinius Stolo fut nommé magister militum, « le premier de la plèbe », disent les fastes Capitolins 3 ; ni d'avoir géré préalablement d'autres magistratures, bien que Tite-Live avance le contraire 4, puisque I'on trouve comme dictateurs soit des consulaires 3, soit des non-consulaires 0, soit des personnages qui n'avaient encore occupé ni la préture ni même aucune magistratures. Il semble pourtant que, en général, à partir de 433, date où la dictature fut, en règle, accordée à des consulaires, et jusqu'à l'époque de César, le magister militum était pris parmi ceux qui avaient obtenu le consulat'. Cette charge pouvait, d'ailleurs, MAG être cumulée avec des magistratures ordinaires, tribuna consulaire 10, censure", édilité curule 72 ; mais le cumul avec le consulat était illégal ". Le magister equitum était choisi par le dictateur luimême 1'' , aussitôt son élection faite et sans attendre qu'il eût présenté la ter curiata de imperio 13. Cette désignation se faisait au lever du jour, après avoir pris des auspices spéciaux 10. Dans le cas seulement où le dictateur était désigné par les Comices, le maitre de la cavalerie était nommé également par le peuple t1. S'il venait à disparaître avant l'expiration de son mandal, qui avait même durée que celui du dictateur, il était aussi remplacé "s. Si celui-ci avait des raisons pour se retirer, il invitait son magister militum à abdiquer sa magistrature 19, mais il n'avait pas le droit de le déposer, même lorsqu'il croyait avoir à se plaindre de lui. Quand le dictateur Papirius Cursor voulut punir son maitre de la cavalerie Q. Fabius d'avoir engagé la bataille en son absence et gagné la victoire sans ordre, il se contenta de lui défendre de quidquam pro magistratu agere et de confier sa charge à un autre20. En théorie, le magister equitum était hiérarchiquement assimilé aux préteurs21 ; en pratique, par cela même qu'il était pris souvent parmi les consulaires, il leur était supérieur. I1 avait droit à la chaise curule22, à la toge prétexte23, à six licteurs24, et à l'épée, insigne des offciers25. En toutes circonstances, le maître de la cavalerie possédait les mêmes compétences que le dictateur, mais comme auxiliaire, au second rang. A l'armée, il était son chef d'état-major; il le représentait au camp si le dictateur restait à Rome", ou à Rome s'il tenait la campagne". Il pouvait aussi en recevoir des missions spéciales, comme de lever de nouvelles légions 2s Lorsque le dictateur n'était point nommé rei gerendae causa, mais pour une autre fonction, le maître de la cavalerie était néanmoins son collaborateur. Ainsi Tite-Live nous les montre tous deux dirigeant ensemble des procès criminels à Rome 29, ou appelés à célébrer la cérémonie religieuse qui consistait à planter un clou dans la cella du temple Capitolin fCLAVCs130, Certains textes reconnaissent au maître de la cavalerie le droit d'assembler le peuple 31 et celui de convoquer le Sénat32 ; mais, dit M. Mommsen, « il n'y en a pas d'exemple pour le premier et il n'y en a que d'insuffisants pour le second, en sorte que la question apparaît presque comme controversée ». Nous donnons, en terminant, la liste de tous les maîtres de la cavalerie connus ; ce tableau permettra, en outre, d'embrasser d'un coup d'oeil l'histoire et le développement de ces deux institutions parallèles, la dictature et la maîtrise de la cavalerie33 MÀG 152i MÀG VI. 192 NLAG 1525 MAG occisus est; in ejus locunz factus est :) Hoc anno diclator et magister equilum sine consulibus fuerunl. (Abdicavil; in ejus locum factus est : ) Hoc anno diclalor et magister equilum sine consulibus /'aerunt. Coactus abdicavit sine munis Ira equilum; in ejus locum factus est : Sine magisteo equilum. Sine magisteo equilum. M. Lepidus paludatus exiisset iniret ; non iniit). MAG 1526 MAG Certaines inscriptions' de basse époque font mention de magister equitum, qui n'ont rien de commun avec ceux dont il vient d'être question. Ceux-là sont des officiers d'ordre inférieur sur la nature desquels on est fort peu renseigné. M. Mommsen les assimile au centurio stcpern.unzerari2ls 2 R. CAGnaT.